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Type de textesource
TitreΗθικα
AuteursPlutarque
Date de rédaction
Date de publication originale
Titre traduitLes oeuvres morales de Plutarque, translatees de grec en françois
Auteurs de la traductionAmyot, Jacques
Date de traduction1572
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

, ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ ΤΥΧΗΣ Η ΑΡΕΤΗΣ Β, 335A, t. V, vol. 1, p. 135

Ἦν δὲ καὶ Ἀπελλῆς ὁ ζωγράφος καὶ Λύσιππος ὁ πλάστης κατ’ Ἀλεξανδρον· ὧν ὁ μὲν ἔγραφε τὸν κεραυνοφόρον οὕτως ἐναργῶς καὶ κεραμένως, ὥστε λέγειν ὅτι δυοῖν Ἀλεξάνδροιν ὁ μὲν Φιλίππου γέγονεν ἀνίκητος, ὁδ’ Ἀπελλοῦ ἀμίμητος.

Dans :Apelle, Alexandre au foudre(Lien)

, "Comment il fault lire les poëtes", fol. 11r-v

Encore arrestons-nous d’avantage la creance du ieune homme, que nous voudrons mettre à la lecture des Poëtes, quand premier que d’y entrer nous luy figurerons et descrirons, que c’est de la Poësie : en luy faisant entendre, que c’est un art d’imiter, et une science respondante à la painture ; et luy alleguant non seulement ce commun dire qui est en la bouche de tout le monde, que la Poësie est painture parlante, et la painture une poësie muette : mais aussi luy enseignant, que quand nous voions un lezard bien paint, ou un singe, ou la face d’un Thersites, nous y prenons plaisir, et le louons à merveilles, non comme chose belle de soy, ains bien contrefaitte apres le naturel : car ce qui est laid de soy, ne peut estre beau : mais l’art de bien faire resembler soit chose belle, ou chose laide, est tousiours estimee. Et au contraire, qui voulant portraire un laid corps feroit une belle image, ne feroit chose ny bien séante, ny semblable. Il se trouve des peintres qui prennent plaisir à paindre des choses estranges et monstrueuses, comme Timomachus, qui peignit en un tableau, comme Medee tua ses propres enfans : et Théon, comme Orestes tua sa mère : Parrhasius, la fureur et la rage simulee d’Ulysses : et Chærephanes qui contrefeit les lascifs et impudiques embrassements d’hommes et de femmes. Esquels arguments, et semblables, par accoustumance de souvent luy recorder, il faut faire que le ieune homme entende, que l’on ne loue pas le fait en soy, duquel on voit la representation, mais l’artifice de celuy qui l’a peu si ingenieusement, et si parfaittement representer au vif. Pareillement aussi pource que la poësie represente quelquefois, par imitation, de méchants actes, des passions mauvaises et des mœurs vicieuses et reprochables, il faut que le ieune homme sçache, que ce que l’on admire en cela, et que l’on trouve singulier, il ne le doit pas recevoir comme veritable, ni l’approuver comme bon, ains le louer seulement, comme bien convenable et bien approprié à la personne, et à la matière subiette : car tout ainsi comme il nous fasche et nous desplait quand nous oyons ou le grongnement d’un pourceau, ou le cri que fait une rouë mal ointe, ou le sifflement des vents, ou le mugissement de la mer : mais si quelque bouffon et plaisant le sçait bien contrefaire, comme Parmeno iadis faisoit le cochon, et un Theodorus les grandes roues à puiser l’eau des puits, nous y prenons plaisir. Semblablement aussi fuyons-nous une personne malade ou pourrie d’ulceres, comme chose hydeuse à voir ; et neanmoins quand nous venons à voir le Philoctete d’Aristophon, et la Iocasta de Silanion où l’un est descrit, comme tombant par pieces, et l’autre comme rendant l’esprit, nous en recevons delectation grande : ainsi le ieune homme lisant ce que Thersites un plaisant, ou Sisyphus un amoureux débaucheur de filles, ou Batrachus un maquereau va disant ou faisant, soit instruict et adverty de louer l’art et la suffisance de celuy qui les a sçeu naïfvement representer, mais au demourant de blasmer et detester les actions et conditions qu’il represente : car il y a grande différence entre representer bien, et representer chose bonne : pource que representer bien, c’est à dire, naïfvement et proprement ainsi qu’il appartient : or les choses déshonnestes sont propres et convenables aux personnes déshonnestes, et comme les souliers du boiteux Demonides, qui avoit les pieds bots, lesquels ayant perdus il prioit aux Dieux, qu’ils fussent bons à celui qui les luy avoit dérobez : ils étoient bien mauvais de soy, mais bons et propres pour luy.

, "Comment il fault lire les poetes", t. I, fol. 11r

Il se trouve des peintres qui prennent plaisir à paindre des choses estranges et monstrueuses, comme Timomachus, qui peignit en un tableau, comme Medee tua ses propres enfans : et Théon, comme Orestes tua sa mère : Parrhasius, la fureur et la rage simulee d’Ulysses.

, "Comment il fault nourrir les enfants", t. I, vol. 1, fol. 4r

Lon dit que quelquefois un mauvais paintre monstra à Apelles une image qu\'il venoit de paindre, en luy disant: Ie la viens de paindre tout maintenant. Encore que tu ne me l\'eusses point dit, respondit Apelles, i\'eusse bien cogneu qu\'elle a voyrement esté bien tost painte: et mesbahy comment tu n\'en as paint beaucoup de telles.

, "De la fortune d'Alexandre, traitte second", t. I, fol. 312v

Aussi estoient du temps d\'Alexandre Apelles le paintre, et Lysippus le statuaire, desquels l\'un paignit Alexandre tenant le foudre en sa main si naifuement paint et au vif, que lon disoit que des deux Alexandres, celuy qui estoit le fils de Philippus estoit inuincible, et celuy d\'Apelles inimitable. [[7: voir le reste dans Apelle Alexandre]]

, "La fortune d'Alexandre, traitté second", t. I, fol. 312v-313r

Aussi estoient du temps d\'Alexandre Apelles le paintre, et Lysippus le statuaire, desquels l\'un paignit Alexandre tenant le foudre en sa main si naifvement paint et au vif, que lon disoit que des deux Alexandres, celuy qui estoit le fils de Philippus estoit invincible, et celuy d\'Apelles inimitable.Et Lysippus aiant moulé la premiere statue d\'Alexandre la face tournee vers le ciel, comme luy mesme Alexandre avoit accoustumé de regarder, tournant un petit le col, il y eut quelqu\'un qui y meit ceste inscription qui n\'a pas mauvaise grace:

Ce bronze estant d\'Alexandre l\'image

Iettant à mont les yeux et le visage,

A Iupiter semble dire, Pour toy

Retien le ciel, car la terre est pour moy.

Et pourtant defendit Alexandre que nul autre fondeur ne iettast en bronze son image que Lysippus, par ce que luy seul avoit l\'industrie de representer ses meurs par le cuyvre, et monstroit son naturel en la figure de son corps: les autres representans bien la torse de son col, et l\'humidité de ses yeulx, ne pouvoient advenir à exprimer son visage masle, et sa generosite de lion.

, "De la pluralité d'amis", t. I, vol. 1, fol. 104 r-v

Pourtant ne fault il pas legerement recevoir, ny attacher d\'affection facilement aux premiers qui se presentent, ny aimer incontinent ceulx qui nous poursuivent d\'amitié, ains plus tost fault que nous mesmes poursuivions ceulx qui sont dignes d\'estre aimez: car il ne fault pas du tout elire ce qui se prent facilement, pource que nous passions par dessus la ronce et l\'espine qui s\'attache à nous, et la reiettons, là où nous allons chercher l\'olive et la vigne: aussi n\'est-il pas tousiours expedient d\'admettre en notre familiarité celuy qui aiseement nous ambrasse, ains au contraire nous fault affectueusement ambrasser ceulx que nous esprouverons utiles, et qui meritent que lon en face compte, ainsi comme respondit iadis le peintre Zeuxis à quelques uns qui l\'accusoient de ce qu\'il estoit long à faire ses peintures: Ie confesse, dit-il, que ie demeure voirement long temps à peindre, mais aussi est-ce pour long temps: aussi celuy garde une amitié et familiarité longuement, qui a demouré long temps à l\'esprouver.

, "Si les Atheniens ont esté plus excellents en armes qu'en lettres", t. II, fol. 524r

Car Apollodorus, le premier de tous les hommes qui a inventé les diffinissements et coulorements des umbres, estoit Athenien, sur les ouvrages duquel il y avoit escrit,

On l\'ira plus tost regastant,

Que lon ne l\'ira imitant.